EN 2020
Exposition à Dôme Optic Strasbourg
lettre ouverte à l'Eurométropole de Strasbourg
Je suis très étonné, et
peut-être un peu choqué, à la lecture de l’article paru dans les DNA
du 26 juin dernier intitulé: « Joli coup de pouce pour les
plasticiens ».
J’y note que l’Eurométropole a décidé de créer un fonds exceptionnel
pour soutenir les arts visuels après cette crise et distinguer une
fois de plus Strasbourg sur la carte culturelle de la France. Le
jury a été composé d’élus, d’experts du FRAC et de la DRAC, et des
conservateurs des musées et représentants des institutions locales (
MAMCS, Musée alsacien, artothèque-médiathèque et le Centre de
l’Illustration) .
L’aide n’a pas été basée sur la situation financière et sociale des
artistes, ni sur un processus de concours ouvert jugé trop lourd et
trop long . Les candidatures ont simplement été suggérées par les
représentants des institutions qui accueilleront les oeuvres.
30 artistes ont été retenus, pour 130 oeuvres et pour 200 000
€.
La démarche en soi n’est pas surprenante, et en tant que plasticien
je reconnais que cette pratique est habituelle dans le milieu de
l’art (sic). J’en ai moi-même déjà bénéficié.
Ce qui l’est moins, c’est le prétexte: se placer comme une ville
exemplaire en aidant les plasticiens fragilisés par la crise
sanitaire. Alors qu’en fait, ce qui est fait ici consiste uniquement
à intensifier une pratique déjà à l’oeuvre: favoriser les favoris.
Et j’insiste sur ce point, j’aurais trouvé cette initiative normale
s’il n’y avait pas eu cette justification que rien ne permet
d’étayer.
Je remarque tout d’abord les montants concernés : 200 000 € pour 30
artistes ça fait une moyenne de
6666 € par personne. À laquelle s’ajoute l’aide du gouvernement de
1500 € par mois de confinement à laquelle pouvaient prétendre tous
les indépendants dont font partie les plasticiens et l’aide de 2000
€ de la région , aides soumises à conditions il est vrai, ce qui
fait une moyenne de 11 666 € pour quelques privilégiés: d’autres
catégories socio-professionnelles en première ligne pendant la crise
apprécieront…
Ensuite aucune situation de difficulté n’a été prise en compte: les
institutionnels ont fait comme d’habitude, ont choisi des artistes
et leur organiseront une exposition. Pourtant certains plasticiens
qui n’ont pu bénéficier des aides du gouvernement auraient sûrement
été heureux de recevoir cette aide au niveau local.
Enfin je note la précipitation de la mesure : le budget est voté le
12 juin, et les 200 000 € sont dépensés 15 jours après. J’ai
rarement vu autant de célérité dans le milieu de l’art, à croire que
nos institutionnels ont des listes de favoris toutes prêtes dans
leurs cartons? Inutile de prendre le temps de chercher, de saisir
l’occasion de chercher d’autres talents ou d’autres solutions, ils
savent déjà ce qui est bon. Ou alors tout simplement fallait-il
faire vite avant le changement de municipalité?
Je suis heureux de vivre dans l’Eurométropole de Strasbourg, je vois
quel cas on y fait de la vitalité de la création artistique et de
l’importance de l’engagement de tous ses artistes .
Encourager ainsi la création locale est une bonne chose et on peut
juste regretter qu’il ait fallu attendre cette crise pour le faire.
Mais ne déguisez pas des pratiques courantes (et déjà discutables
sous certains angles) en gestes de solidarité et de générosité, qui
seraient effectivement les bienvenus en ces temps difficiles pour
toutes et tous: une aide publique officielle, surtout dans ce
contexte inédit, se doit d’être solidaire, démocratique et
citoyenne…
Pierre Gaucher, citoyen, Maître d’art, sculpteur.
le "Ginko" est exposé dans les vitrines du Palais Royal à
Paris
"Ronde d'artiste" à la galerie mathieu
Projet pour la réalisation d'une sculpture en hommage à
Albert Schweitzer
place Saint Thomas à Strasbourg
stèle pour une tombe dans un cimetière
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