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On n’arrête pas d’écrire, de publier, et pourtant on ne sait toujours rien : à peine lit-on quelque chose qu’on peut lire le contraire tout de suite après. A croire que l’important n’est pas d’apprendre quelque chose mais de croire tout simplement que la vie de l’esprit bouillonne d’intelligence.Tous ces avis divergeants ne font jamais que détourner notre attention. Nous ne pouvons voir où nous allons car le chemin est devenu une course d’obstacle et chaque obstacle nous cache l’horizon, et à peine avons-nous compris ou pris connaissance d’une chose que déjà une autre chose vient nous barrer la route. Sans cesse nous devons sauter par-dessus des obstacles et nous faisons finalement plus de chemin verticalement qu’horizontalement. Et ces obstacles maintenant viennent carrément à nous, si bien que nous sautons sur place et n’avançons même plus du tout, notre cerveau dans notre tête danse de haut en bas et de bas en haut, notre pensée devient du beurre, ou de la mayonnaise, et nous n’avons plus qu’à l’étaler sur des tartines immangeables. Toute cette activité ne sert finalement plus qu’à faire son beurre et à le tartiner aux autres. Les plus grands tartineurs pensent qu’ils sont indispensables aux autres, que les autres sont finalement incapables de vivre par eux-mêmes, qu’ils ne s'agitent pas assez pour faire leur beurre, qu’ils ont besoin de quelqu’un pour beurrer leurs tartines, et que pour justifier leurs sauts sur place ils se disent qu’ils sautent pour les autres, qu’ils font du beurre pour les autres, mais ce beurre, les autres n’en profitent finalement jamais, les grands tartineurs se le mettent toujours dans la poche. Leurs vêtements sont dégoulinants de beurre, leurs mains, leurs sourires, leurs pensées sont dégoulinantes de beurre, tout en eux est dégoulinant de beurre, c’est gras à souhait, plein de beurre, partout, tout le temps et toujours, du beurre, rien que du beurre, mou, fade, inconsistant, du beurre, rien d’utile finalement, rien que de l’esbroufe, de l’esbroufe pour mangeur de beurre, pour tartineur de beurre, pour qu’ils puissent se tartiner entre eux, se couvrir encore plus de beurre les uns les autres. Quel beau spectacle que tous ces tartineurs se tartinant mutuellement de beurre, pataugeant dans le beurre quand plus personne n’est là pour finalement leur dire que c’est répugnant tout ce beurre étalé, toute cette agitation inutile pour toujours patauger davantage dans le beurre. A quoi peut bien servir finalement tout ce beurre étalé, et quand il finit par y avoir plus de beurre que de pain, ou pas de pain du tout, quel plaisir peut-on encore éprouver à  se vautrer ainsi dans le beurre si ce n’est le seul sentiment d’en avoir plus que les autres. Je n’ai pas beaucoup de beurre, parce que je ne saute pas beaucoup sur place. Je pense que le chemin est plus horizontal que vertical et qu’à trop me secouer la tête je ne ferai que davantage m’égarer. Je ne veux pas sauter les obstacles mais les détruire, je ne veux beurrer la tartine de personne et que personne ne vienne beurrer la mienne. Je crois que le beurre fait glisser et qu'on n'avance pas le cul par terre. Tout ce beurre finit par rancir quand on en a plus qu’on ne peut consommer et au contraire, je cherche à m’en alléger le plus possible. Je mange mes tartines, je mets du beurre quand il y en a, j’essaie d’éviter les chemins verticaux, les mains beurrées des grands tartineurs et les obstacles qu’ils laissent sur ma route, je construis mon chemin, jour après jour, en sachant que le dernier arrive, sûrement, gravement, inexorablement, terriblement et dans toute son horreur